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Couverture Himalaya L'ivresse des cimes

Prix unitaire : 35 € (frais de port à partir de 6,60 ) — Bientôt épuisé ! —

Il y a encore trente ou quarante ans, une expédition en Himalaya se préparait v comme le voyage d’un explorateur du XIX siècle. Aujourd’hui, certaines régions du toit du monde sont devenues banales. On s’y rend en voyage organisé avec des guides, des porteurs, des yaks ou des chevaux et un staff à vos petits soins. Avec une bonne carte bleue, on peut même s’offrir l’Everest à grand renfort d’oxygène, en suivant une autoroute de cordes fixes. 

Peu adeptes de ce concept de tourisme montagnard, Laurent Lafforgue et Cyril Renailler parcourent depuis plus de vingt ans les contrées himalayennes by fair means, sans excès de moyens, le plus souvent en autonomie, en privilégiant l’inconnu, les rencontres avec les populations locales et l’aventure. Fidèles à l’esprit d’exploration qui animait jadis les pionniers, ces deux Pyrénéens ont ainsi inventé des treks inédits et gravi bon nombre de sommets vierges. 

À travers des récits intimistes, philosophiques parfois, les auteurs nous racontent dans ces pages un Himalaya à taille humaine et nous entraînent, des steppes d’Asie centrale aux jungles du Tibet oriental, dans les coulisses de l’alpinisme amateur sur les plus hautes cimes du monde. Un ouvrage addictif qui témoigne de l’ivresse de l’altitude et du pouvoir de séduction qu’exercent ces montagnes envoûtantes. 

HIMALAYA, L’IVRESSE DES CIMES

  • Un volume broché de 312 pages
  • Format 22 x 31
  • Thème: récits d’expéditions
  • ISBN: 979-10-6999711-0
  • Octobre 2022
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Après plusieurs années d’écriture, des hauts, des bas, un long et minutieux travail de mise en page et de relecture, le livre de Laurent Lafforgue et Cyril Renailler sur leurs aventures himalayennes est enfin terminé. Il ne reste qu’à l’imprimer…

Laurent Lafforgue et Cyril Renailler parcourent depuis plus de 20 ans les contrées himalayennes by fair means, sans excès de moyens, le plus souvent en autonomie, en privilégiant l’inconnu, les rencontres avec les populations locales et l’aventure. A travers des récits intimistes, philosophiques parfois, ces deux pyrénéens nous entraînent, des steppes d’Asie centrale aux jungles du Tibet oriental, dans les coulisses de l’alpinisme amateur sur les plus hautes cimes du monde. Partez avec eux à la découverte des grands espaces et encordez-vous pour l’ascension de quelques sommets méconnus, en Kirghizie, en Inde, au Népal ou encore au Tibet.

Pour vous plonger dans un extrait de l’ouvrage, et feuilleter quelques pages, rendez-vous sur:

HIMALAYA, L’IVRESSE DES CIMES

  • format 22 x 31
  • 312 pages
  • couverture 350 gr avec rabat – papier intérieur couché 150 gr
  • façonnage cousu collé, impression quadrichromie

SOUSCRIPTION

Profitez d’un tarif préférentiel de 30 euros (plus éventuellement les frais de port), le prix public étant de 35 euros. Il n’est pas interdit de commander plusieurs exemplaires, pour l’offrir ou tout simplement pour conserver dans sa bibliothèque un ou deux exemplaires de cet ouvrage collector.

Pour ce faire, nous avons décidé de mener une campagne Ullule. Rien de plus simple, il suffit de cliquer ci-dessous:

À quoi va servir le financement

Votre participation est essentielle et déterminante pour nous permettre d’imprimer tout simplement le livre. Soyons francs : on s’est lâchés sur les photos pour que ces 312 pages suscitent le rêve et l’évasion et, qui sait, des envies de voyages. Du coup, l’ouvrage comporte plus de pages qu’initialement prévues, ce qui représente un coût supplémentaire d’impression (sans compter la hausse générale du prix des matières premières comme le papier). Ce financement vise donc à équilibrer notre budget.

Si tout se passe comme prévu, vous pourriez avoir le livre en mains dès l’automne prochain.

Merci à tous pour votre soutien !

Nous rappelons qu’une campagne Ulule fonctionne sur le mode du « tout ou rien ». Cela signifie que les responsables du projet ne perçoivent l’argent collecté que si leur objectif de campagne est atteint. Si ce n’est pas le cas, vous serez intégralement remboursé. Alors que vous contribuiez ou non, pensez-surtout à partager ce projet autour de vous pour qu’il puisse exister.

Laurent Lafforgue et Cyril Renailler

Déjà auteurs de nombreux ouvrages pyrénéens et collaborateurs auprès de nombreuses revues de montagne, Laurent et Cyril osent pour la première fois l’aventure de l’autoédition.

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DECEMBRE 2016 : Premiers coups de pelles pour reconstruire la Maison des Rêves. Notre reporter Alain Pozo était sur place. Texte et photos : Alain Pozo.

Un an après notre séjour de 2015, presque jour pour jour, je suis de retour à Jyamire. Chantal et Laurent, pris par leur travail, ne sont pas, cette fois, du voyage. C’est finalement avec Michel que je m’apprête à aller rendre visite à la famille Khadka. Un véhicule 4×4 nous attend devant notre hôtel de Thamel. Cette année, il n’est point nécessaire de se démener pour dégoter un taxi susceptible de nous conduire sur les pistes défoncées de l’Helambu. Le blocus sur les carburants a été levé il y a quelques mois déjà et tout ce que le pays compte de véhicules à moteur et surtout d’épaves branlantes s’est jeté sur les routes. La vallée de Katmandou baigne ainsi du matin au soir dans une épaisse nappe de pollution doublée d’un vacarme de tous les enfers. Sur les artères de la ville, c’est le grand chaos, l’embouteillage monstre, des véhicules en tout sens, gros et petits, rutilants et déglingués, tentent coute que coute de gagner quelques mètres de chaussée ou, en désespoir de cause devant la paralysie, se hasardent sur les terrepleins ou les bas-côtés. Notre jeune chauffeur, aussi incroyable que cela puisse paraître, demeure au milieu de la cohue d’un calme olympien, il ne cède nullement à la nervosité ambiante, ne tente aucune manœuvre scabreuse pour se faufiler convulsivement dans la mêlée et chose absolument étrange pour un chauffeur népalais, il ignore royalement l’usage du klaxon.

Finalement, à pas d’escargot, nous parvenons tout de même à nous extraire des bouchons tentaculaires de la ville pour rejoindre Azita qui nous attend patiemment à l’entrée de Bhaktapur. La jeune fille est ravie, elle vient de prendre connaissance à l’instant même des résultats de ses examens obtenus haut la main, avec mention. C’est cette mention surtout qui la remplit de joie, elle lui ouvre les portes de l’Australie (1), seul pays susceptible accueillir des étudiants népalais (étudiants triés toutefois sur le volet). Soixante dix kilomètres environ séparent Katmandou de Jyamire, le voyage va cependant durer des heures, quatre longues heures de secousses, de ballottements, d’à-coups, de bonds, de soubresauts, et j’en passe… Je ne crois pas avoir tout à fait convaincu Azita quand, au cours de la conversation, je lui affirme qu’en France pour parcourir une telle distance, il faut tout au plus une heure. Difficile d’imaginer pour elle qui n’a jamais quitté son cher Népal qu’une route puisse ressembler à autre chose qu’un champ de bataille. L’axe qui remonte la vallée de l’Indravati jusqu’à Melamchi est particulièrement défoncé. Un trafic intense de camions s’y déploie constamment. Des camions chargés jusqu’à la gueule de sable ou de gravier puisés dans le fleuve. (1) Pour d’obscures raisons administratives, notre projet de faire venir Azita en France pour le mois de septembre 2016 a échoué.

Avec les reconstructions qui fleurissent un peu partout, les besoins sont immenses d’autant que les autorités obligent à bâtir en béton armé pour répondre aux impératifs antisismiques. De longues files de Tata aux carrosseries fantasques, s’étirent, se croisent, se frôlent, creusent chaque jour un peu plus profondes les ornières mais parviennent toujours à destination approvisionnant Katmandou et la région en agrégat pour le béton. Aussi sur les rives de l’Indravati les carrières se sont multipliées. Chaque vaste banc de galet ou de sable qui jalonnent le fleuve a son installation industrielle flambante neuve, analogue à celles que l’on peut voir chez nous avec son concasseur, ses tapis roulants dressés vers le ciel et ses immenses cônes de sable et de gravillons. Cependant, il suffit d’emprunter le premier chemin dans la montagne pour sitôt croiser un homme ou une femme, parfois des enfants qui, à coup de marteau et à longueur de journée, cassent des cailloux pour produire du gravier. Là réside tout le paradoxe de ce cher pays. A Melamchi nous quittons le fond de la vallée et la « grande route » pour nous élever sur une piste étroite et ardue où fort heureusement nous ne croisons aucun véhicule. Il nous faut encore prendre notre mal en patience en se cramponnant fermement au siège avant que d’atteindre cinq cents mètres plus haut le plateau de Jyamire.

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Le décor n’a pas changé, c’est toujours les mêmes baraquements de tôle, les mêmes pans de maisons debout, plus menaçants, plus envahis encore par les mauvaises herbes. Le seul changement notable se situe sur l’emplacement de l’ancienne Maison des rêves. C’est maintenant un chantier, encombré de matériaux de construction, de tas de sable, de gravier et de pierre. Tout à côté, là où jadis se dressaient les murs de la maison, des trous profonds ont été creusés tandis que d’autres sont en cours de creusement. Au dessus, sur l’aire de battage, des bottes de fer à béton jonchent le sol. Un ouvrier est à l’œuvre qui tronçonne, rassemble puis cintre des cadres destinés au ferraillage des piliers. Un monticule de pièces, prêtes à être assembler, s’entasse au pied du chevalet de cintrage. Nous sommes accueillis les bras ouverts par Miss Smile, Mam et Uncle (l’oncle d’Azita en même temps que mari de Miss Smile et directeur de l’école de Jyamire). Tout juste avons nous le temps de déposer nos gros sacs dans le premier abri de tôle où je retrouve le lit que j’ai occupé l’an passé que déjà on nous sollicite pour aller à l’arrière dans le baraquement qui sert de cuisine manger le traditionnel dal bhat.[/ale_one_half_last][ale_one_half]

Le lendemain, aux premières lueurs du jour, un grand remue-ménage règne autour de notre abri et jusqu’à l’intérieur. Sans discrétion aucune, on s’interpelle, on rentre, on sort… Cette agitation finit par me sortir plus tôt qu’à mon habitude du lit. Il y a là devant la porte en grande discussion deux personnes qui me sont inconnus et Uncle. Ce petit monde s’agite autour d’un grand plateau en osier contenant des fleurs mais aussi de petits récipients avec du riz, des pommes, des bananes, des billets de banque… Un prélève une petite poignet de riz de tel récipient pour le déposer dans tel autre ou intervertit des fruits. Un autre conteste la quantité prélevé ou le bien-fondé de la chose. Le troisième rectifie le tir jusqu’à que tout le monde soit d’accord. Miss Smile fait de fréquents aller-retour à la cuisine. Elle en revient avec de petites coupelles d’huile, puis une carafe d’eau et que sais-je encore… des herbes ; oui des herbes, aux vertus certainement insoupçonnées. Puis la petite troupe se dirige vers le chantier, Uncle ouvre la marche en portant le plateau en bout de bras suivi des deux inconnus, brahmanes de leur état, dont un fait tinter, tout le long du parcours, une petite cloche. Le plateau est précautionneusement déposé sur le bord d’un puits de fondation. Après une ultime discussion autour de la répartition des contenus, Uncle descend dans le trou, non sans peine car profond d’un bon mètre cinquante. Un brahmane lui tend alors un récipient qu’il dépose sur le fond tandis que l’autre tout en faisant tinter la cloche psalmodie des incantations. Tous se recueillent. On jette des pétales d’œillet d’Inde dans le trou. Puis Uncle tente d’en sortir, ce qui donne lieu à une franche rigolade car rien n’a été prévu et la vaine tentative des brahmanes de le tirer de là a bien failli les envoyer au fond du trou. Ainsi chaque puits de fondation a droit au même cérémonial, des offrandes pour les divinités, des incantations pour éloigner les esprits maléfiques. La cérémonie achevée, les ouvriers reprennent possession du chantier. Quant à nous, un déjeuner nous attend, riz, pomme et banane, un repas digne de divinités indous.

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Chaque puits de fondation reçoit des offrandes pour les divinités.

A notre retour à Jyamire, après huit jours de trek dans les montagnes de l’Helambu, les travaux ont grandement avancé. Douze puits de fondation ont, non seulement été creusés, mais également coulés de béton, le ferraillage des piliers a été mis en place et les murs de fondation reliant le tout est en cours d’achèvement. Tout cela exécuté dans les règles de l’art. La jeune équipe de maçon possède un vrai savoir-faire et maitrise parfaitement ces techniques de construction pourtant toute nouvelle dans la région. C’est la première maison à être reconstruite à Jyamire. L’aide financière apportée par les donateurs français y est pour beaucoup si ce n’est pour l’essentiel. Dans les environs où toutes les maisons sont à terre, aucun signe avant-coureur ne laisse présager une reconstruction prochaine. Un tas de sable par ci, quelques fers à béton posés devant telle ruine, rien qui pourrait laisser croire à une réédification imminente. A cela, la raison essentielle est bien sûr d’ordre financière. Le coût exorbitant de ce type de construction en béton où tous les matériaux sont manufacturés et doivent être transportés sur place parfois de très loin, qui nécessite d’autre part une main d’œuvre spécialisée qui ne peut être suppléée par une main d’œuvre d’entre-aide locale, rend, pour la grande majorité des familles, la reconstruction inenvisageable. Sans aides massives de l’État népalais ou d’organisations internationales, ces habitants de l’Helambu sont condamnés à vivre pour de nombreuses années encore sous leurs abris de fortune. Ce qui ne peut que précipiter l’exode de ces petits agriculteurs des collines dont la difficile existence est employée toute entière aux travaux harassants des champs.

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En quittant Jyamire, nous avons droit aux chaleureuses étreintes de Uncle, Miss Smile et Mam. Uncle qui, en dehors de son travail d’instituteur, consacre son temps, bien souvent très tôt le matin et tard le soir, au suivi du chantier, l’approvisionnant en eau, installant une rallonge électrique, passant la nuit sur les routes avec son ami transporteur pour ramener des briques de Katmandou. Il nous fait part de sa lassitude de vivre sous ce tas de tôle et nous affirme dans un large sourire que la maison sera terminée dans six mois. Les prochains french tourists qui s’aventureront jusqu’à Jyamire, trouveront parmi les baraquements de tôle, un cube de béton à étage, poussé comme un champignon, certes pas très esthétique, pas de quoi en tout cas réaliser une photo de carte postale mais ne faut-il pas mieux au papier glacé préférer la chaleur des gens de la nouvelle Dreams House.

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Y ALLER OU PAS ? Au moment de s’envoler pour le Népal, les voyants sont au rouge pour Laurent Lafforgue, Chantal Pradelles et Alain Pozo. Entre la psychose mondiale des attentats, un pays dévasté par les séismes du printemps 2015 et l’embargo pétrolier décidé par l’Inde, tout le monde leur déconseille le voyage. Mais désir de venir en aide à une famille népalaise et appel de l’aventure sont plus forts. Au retour, un trek en gestation mais plus encore : des souvenirs qui ne sont pas faits que d’histoires de montagne. Texte : Laurent Lafforgue. Photos : Laurent Lafforgue et Cyril Renailler.

1er décembre 2015, aéroport de Katmandou. Je tends fièrement mon passeport à l’officier chargé de l’immigration. Il le tamponne, me le rend sans la moindre expression du visage et m’invite à franchir la douane. Me voilà au Népal pour la huitième fois. Étonnamment, le voyage s’est déroulé sans encombre, presque plus facilement qu’à l’accoutumée malgré la psychose mondiale d’attentats suite à ceux perpétrés à Paris deux semaines plus tôt. À Blagnac, comme lors de notre escale à Istanbul, pas d’escorte armée, pas de restriction de circulation, pas de contrôle particulier. Contrairement à ce que racontent les médias occidentaux, personne ne se déplace à plat ventre ou à toute vitesse. Nous nous détendons un peu. Le transport jusqu’à l’hôtel s’effectue dans l’effervescence habituelle où la densité s’exprime d’abord par les Klaxon et les trajectoires incertaines des véhicules. De prime abord, tout semble fonctionner à peu près normalement. À cet instant, difficile de croire qu’un embargo pétrolier organisé par l’Inde prive la population d’essence et de gaz. Mais de ça, nos médias français n’en ont cure : ne surtout pas compromettre le faramineux contrat de vente des trente-six Rafale que la France essaye de refourguer depuis des mois au géant indien.

En substance, l’adoption par le Népal d’une nouvelle constitution serait la cause du blocus, l’Inde reprochant à la jeune république le découpage géographique de la bande sud du pays, c’est à dire la plaine fertile du Teraï, région majoritairement occupée par de riches Madeshis(1), en plusieurs états. De fait, Delhi y voit une entrave à ses futurs échanges commerciaux et défend plutôt l’idée d’un seul district. En soutenant ainsi les Madeshis, l’Inde ne fait pas que mettre dans les mains des plus riches le grenier à blé du Népal, elle lorgne aussi et surtout sur le potentiel hydroélectrique de la région car c’est là que s’écoulent quelques-uns des grands fleuves himalayens. Un milliard deux cent mille indiens à éclairer, ça attise les convoitises… En attendant, comme si le pays n’avait pas assez souffert des séismes du printemps, les prix flambent. Ce n’est qu’une fois arrivés à destination, au Dolphin Guest House, que nous prenons la mesure des choses : il n’y a pas de chauffage, pas d’eau chaude et l’on cuisine au feu de bois. Et c’est ainsi dans toute la ville. (1) Ethnie pro hindouiste vivant dans les plaines népalaises et constituant 25 % de la population. 

Secousses. J’ai passé une année de merde, disons-le. Je n’étais tellement pas dans ce voyage que j’ai bouclé mon sac la veille du départ. À présent, j’étais néanmoins heureux de me retrouver à Katmandou. De toutes les capitales himalayennes, c’est la plus fascinante. Je ne connais aucun autre endroit capable de vous happer avec autant de puissance. Idéal pour panser ses plaies. Au milieu des fumées d’échappement, le flot de touristes(2) occupe principalement le quartier de Thamel et ses ruelles étroites. J’y ai presque mes habitudes et s’il m’arrive encore parfois de m’y égarer, j’aime me fondre dans cette ambiance unique et inimitable. Ici sont les bars, les restaurants, les barbiers, les étals sanglants des bouchers, les vendeurs de thé, de fruits, de légumes, d’épices, de bijoux, de tapis, les ferronniers, les couturiers, les singes, les chiens, les vaches, les diseurs de bonne aventure, les magasins de montagne aux vitrines débordant de doudounes contrefaites… « Penser à en ramener une bleue » notais-je sur ma liste de courses. Ici, tout se vend, tout s’achète, tout se marchande. Surtout. Même le hachisch « good quality » qu’un trafiquant invisible susurre au creux de votre oreille lorsqu’en fin de journée l’obscurité avance. Tout cela aux abords des temples des dévots de Krishna ou de Bouddha. (2) Des touristes particulièrement absents cette année.

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Sur les autels, des offrandes, des fleurs, des bougies, des croyances. Partout, de la fraternité. Et beaucoup d’humanité. Dans les regards appuyés des jeunes vendeuses, des sourires, de la gourmandise, du désir. De l’amour aussi. Celui-là même dont on ne comprend ni son entrée soudaine dans votre vie, ni son départ, surtout lorsqu’il vous quitte de façon sinistre. La vie avance avec parfois trop de secousses. Les secousses, c’est pourtant ce qui m’amène au Népal avec mes compagnons. Cette fois, il n’est ni question de trekking ou d’alpinisme mais d’aide humanitaire. Ou plutôt d’aide fraternelle. J’aime mieux ce terme. Avec en poche les dons d’une trentaine de généreux donateurs, nous venons retrouver Azita, une jeune fille rencontrée par hasard lors d’un voyage précédent et grâce à laquelle nous avions passé une soirée inoubliable auprès de sa famille dans la légendaire «Maison des Rêves» de Jyamire(3). Mais dans la catastrophe du printemps dernier, « Dreams’House » s’est effondrée, emportant avec elle le vénéré grand-père. Aujourd’hui, nous sommes là pour venir apporter notre soutien à cette famille endeuillée et, si possible, initier la reconstruction de la Maison des Rêves. Apporter directement les dons, sans passer par le moindre intermédiaire, c’est ma façon de venir témoigner ma solidarité. Ce Népal m’a trop donné pour que je continue à le parcourir sans rien lui rendre. (3) Lire la page consacrée à l’action « Solidarité Népal » initiée par regard’isard.

Le temps avance, pas la reconstruction. Azita est aujourd’hui étudiante à Katmandou. C’est une belle et charmante jeune femme de presque 22 ans qui nous attend dans le hall de notre hôtel. Les retrouvailles sont émouvantes mais contenues. Au Népal, les démonstrations affectives sont mal vues, surtout entre filles et garçons. Tout est suggéré mais jamais affirmé. J’attendrai donc un peu pour serrer dans mes bras cette jolie petite brune. Passé l’émotion, joie, rires et sourires viennent bientôt animer la discussion. On en oublierait presque que c’est un tremblement de terre qui nous réunit à nouveau. Azita s’est démenée toute la matinée, pendue à son portable, pour organiser notre convoi vers Jyamire. Avec le blocus indien, le carburant a atteint des sommets. D’ailleurs, elle ne décolère pas contre le prix exorbitant de la course. Dès que nous quittons Katmandou, où il est finalement assez difficile d’estimer les stigmates réels tant la ville est en chantier perpétuel, la réalité prend le dessus : six mois après le séisme, le Népal des collines est encore sous les ruines. Comme toujours lorsqu’une catastrophe se produit  sur  la  planète, des  milliards  sont  promis. Mais comme d’habitude, rien ne se passe. Le temps avance, pas la reconstruction. On se demande où sont allés les dons. Dans ce pays corrompu, l’aide internationale est largement détournée et la plupart des projets de développement n’aboutissent jamais. À défaut, la « résistance » s’organise, la population se débrouille et tout le monde s’entraide. Les deux séismes qui ont secoué le pays ont principalement touché les villages de moyenne montagne proches des épicentres. Pas une maison n’a résisté et les rares encore debout, lézardées de fissures, sont pour la plupart inhabitables. Les habitations situées en crête ont été particulièrement atteintes. C’est souvent l’étage qui a été détruit. Les familles vivent désormais dans des abris de tôle ondulée. Parfois, quelques parements de bambous, ou de torchis, apportent un peu de coquetterie à ce qui s’apparente désormais à un gigantesque bidonville dispersé dans les rizières. Après avoir arasé l’étage et recouvert l’édifice de bâches plastiques, certains dorment à nouveau dans leur maison. Si tant est que l’on puisse toujours appeler ça une maison.

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Retour à Jyamire. Aujourd’hui, presque chaque vallée du Népal est parcourue par son bout de goudron ou sa piste carrossable. Il y a dix ou quinze ans, ça n’était pas encore le cas. Pour les villageois, la route, c’est la possibilité d’être relié au reste du monde. Mais comme partout où la route arrive, la laideur s’installe avec son lot de fils électriques, de fûts de goudron abandonnés, de poussière et de tas d’immondices jonchant les abords des villages. C’est néanmoins grâce à cette piste chaotique, qui s’élève vertigineusement au-dessus de l’Indrawati Khola, que nous parvenons à Jyamire. En 2012, en quittant la Maison des Rêves, je ne savais pas que j’allais y revenir aussi rapidement. Au vu des photos envoyées par Azita, je savais à quoi m’attendre. Mais la vision d’un terrain vague envahi par les mauvaises herbes, en lieu et place de la maison familiale, me semble irréel. À notre arrivée, Mam, la mère d’Azita(4) et Chunu Maya, sa tante, que nous surnommerons bien vite « Miss Smile » en raison de son sourire permanent et de sa bonne humeur franchement communicative, sont occupées à battre le millet. À leur façon un peu fébrile de se servir de l’instrument, à ces regards furtifs lancés dans notre direction, à cette indifférence feinte, on peut deviner la confusion, l’embarras, la tension nerveuse que ces dames ont pu accumuler au fur et à mesure que notre venue devenait imminente. Accueil courtois et chaleureux, mais toujours avec pudeur, délicatesse et retenue. En contrebas de l’aire de battage, une baraque de tôle ondulée fait désormais office d’habitation. Un abri sommaire offrant un semblant de confort. Nous sommes invités à y déposer nos affaires. C’est là que nous dormirons ces prochains jours, avec toute la famille. Même chose pour les repas, que nous partagerons à même le sol dans une pièce annexe servant de cuisine. (4) Mithila de son prénom.

Au Népal, une telle intimité avec des étrangers est chose rare, surtout chez les castes hindous. Nous mesurons le privilège qui nous est accordé, même si, la nuit, les souris courent au plafond pendant que les singes se battent sur le toit. Pas vraiment l’endroit pour jeunes filles romantiques. Après une telle catastrophe, on pourrait s’attendre à trouver une population désœuvrée. Mais il n’en est rien : en dehors du fait que des abris de tôle ont remplacé les maisons, il est quasi impossible, pour celui qui viendrait ici pour la première fois, de savoir qu’il y a eu un séisme. Passé les premiers jours du désastre, où il a fallu construire des abris de fortune et s’occuper des morts, les népalais ont vite retrouvé une attitude exemplaire : ils vivent à nouveau (presque) normalement, sans se plaindre, en conservant le sourire et leur légendaire sens de l’hospitalité. C’est une vraie leçon de vie et de courage. L’heure n’est plus aux atermoiements mais à la fin des récoltes et, déjà, on laboure les rizières en prévision des prochaines semailles. Il est indispensable de s’approcher de ces populations avec modestie et sagesse. Aussi, compte tenu du blocus et après discussion avec Azita, il nous est vite apparu indécent de dépenser un quart des dons récoltés en carburant pour faire acheminer, coûte que coûte, des matériaux de construction, tout cela pour satisfaire nos idéaux de bienfaiteurs condescendants. L’argent sera donc placé sur un compte en banque à Katmandou en attendant que la situation économique s’améliore. La Maison des Rêves sera bientôt reconstruite : Azita, qui n’est pas du genre à s’en laisser conter, saura gérer cet argent et s’engage à nous tenir informés des dépenses et de l’état d’avancement des travaux. D’ores et déjà, elle et sa famille souhaitent la bienvenue à tous les généreux donateurs.

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Trek en Gestation. Au Népal, comme en Inde, un hochement de tête de gauche à droite (ou le contraire) signifie « oui, d’accord ». Azita a bien compris ma demande : dans dix jours, elle sait qu’elle doit impérativement m’envoyer une voiture à Nagarkot(5). Méticuleuse, elle a noté au jour près l’itinéraire que j’envisage de réaliser et s’étonne tout de même que nous ne soyons pas munis d’un téléphone portable. Demain, elle rentrera à Katmandou car elle doit s’occuper de l’autre partie de sa famille qui réside dans le quartier de Baktapur. De notre côté, nous avons dix jours devant nous pour rejoindre Nagarkot à pieds. C’est plus qu’il n’en faut. Aussi, je consacre les quatre premiers jours à la réalisation d’une boucle sur les hauteurs de Jyamire. Cela me permet ainsi d’effectuer une variante à l’itinéraire parcouru en 2012 qui nous avait permis de gravir le Chang Samarphu(6). À travers de superbes rizières, une première étape nous conduit à Nawalpur. Le soir, nous campons à proximité d’une famille qui met à notre disposition son devant de porte. Fatalement, le village entier se déplace pour nous rendre visite. (5) Situé à une trentaine de kilomètres seulement de Katmandou, Nagarkot est l’un des spots touristiques du Népal où l’on peut admirer quelques-uns des plus hauts sommets du monde. (6) Culminant à 3905 m, le Chang Samarphu est un petit sommet situé sur la longue crête surplombant à l’Est l’Indrawati khola. Pour les amateurs de trek et d’ascension sauvages, c’est un bel objectif qui dispense une vue à couper le souffle sur les sommets du Langtang et du Jugal Himal.

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Ce qui intrigue le plus les gens du coin, c’est comment nous autres, occidentaux, nous pouvons dormir à trois dans une si petite tente sans avoir froid. Le lendemain, pour la première fois depuis notre arrivée au Népal, pays surpeuplé, nous avons le plaisir de retrouver un peu de quiétude en nous enfonçant au cœur d’une forêt vierge.                                               Nep30

Quel bonheur de se laisser aller sur un chemin ancestral parfaitement tracé où les racines des gros arbres forment des marches d’escalier naturelles. Nous respirons à pleines narines l’odeur de l’humus tout en écoutant le chant des oiseaux. Le hasard nous conduit ainsi jusqu’à une clairière circulaire au centre de laquelle a été édifié un petit temple hindou. Ici, on vénère Shiva et sous les guirlandes des drapeaux à prières, une foule de tridents, pointés vers le ciel, assoit la spiritualité des lieux. Pendant qu’Alain et Chantal installent le camp, ma curiosité m’entraîne au plus profond de la forêt. Elle a quelque chose de mystique et de sacré. De longues barbes de lichens pendent des arbres et des cris étranges retentissent sans que je puisse en identifier l’origine. L’ambiance est démente, un truc à mi chemin entre Indiana Jones et Jurassik Park. Sous un énorme rocher, je découvre un lieu de culte où les pèlerins ont abandonné en guise d’offrandes des dizaines de tridents miniatures. Tandis que j’en ramasse quelques-uns, je retiens mon souffle. Mais rien ne se passe. L’énorme rocher ne bascule pas sur lui-même pour m’écraser et aucune fléchette empoisonnée ne vient me transpercer le corps.  [/ale_one_half_last]

À la nuit tombée, dans cette jungle baignée de brume, je me sens finalement à mon aise. Je me hâte néanmoins d’aller retrouver mes camarades autour du feu qu’ils ont allumé au pied des grands mâts à prières. Au matin, la brume s’est volatilisée, remplacée par un grand ciel bleu. Le Lantang Lirung, 7 227 mètres, fait une apparition remarquée au-dessus de la canopée. Difficile de croire que lors du séisme du printemps dernier, cette superbe montagne a lâché tout un pan de glace qui a englouti en quelques secondes les quatre cents âmes du village de Langtang. Il y a quelques années, cette même montagne a également emporté l’alpiniste slovène Tomaz Humar, l’un des meilleurs himalayistes du moment. Malgré ce sort funeste, ce matin, assis au soleil, je suis heureux de me retrouver à nouveau face à cet Himalaya grandiose. Il n’a pas bougé, il est toujours là. Il me regarde. Je le regarde. Avec ce goût amer d’avoir laissé quelque chose en plan. Je sens l’appel des cimes mais je sais qu’il est encore trop tôt pour y aller. Pour grimper sur de pareilles montagnes, il faut se détacher de ses émotions, être libre et apaisé. Et en ce moment, je sais que le compte n’y est pas. Pas encore. Comme souvent lorsqu’on fait de l’exploration, c’est sur le chemin du retour que l’on découvre les meilleurs sentiers, les meilleurs passages. Tandis que nous revenons tranquillement vers Jyamire, se dessine déjà dans ma tête l’idée d’un futur trek qui pourrait conduire de la Maison des Rêves jusque sur les crêtes du Chyochyo Danda. Des rizières magnifiques, des villages accueillants, une forêt primaire, une longue crête en plein ciel entourée de 6000 et de 7000 : tous les ingrédients d’une belle aventure semblent réunis. C’est désormais une certitude, il va encore falloir revenir au Népal.

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Pour grimper sur de pareilles montagnes, il faut se détacher de ses émotions.

No, tiger ! Pour compléter et sublimer encore plus ce futur itinéraire, je propose donc à mes acolytes de rallier Nagarkot en passant par les collines. L’aventure débute dès les hauteurs de Mélamchi, le chef lieu du district de Sindhulpalchok. À chaque village traversé, tous les yeux se braquent sur nous. Aucun touriste ne vient par ici mais l’accueil est partout le même : chaleureux et spontané. Les népalais n’ont rien mais ils nous donnent tout. Tour à tour, nous sommes invités à partager un dal bhat(7), des fruits, des légumes, plus rarement un bol de lait frais. Tous les matins, dans le fond de la vallée de l’Indrawati khola, des écharpes de brumes évanescentes se font et se défont au gré de l’atmosphère. Le spectacle est sublime, l’émerveillement quotidien : chaque pan de montagne recèle en ses plis des rizières proprement étagées, des banyans majestueux où nichent les aigles et des hameaux où les femmes, chacune un mioche cramponné à ses bras, s’affairent dans des potagers exubérants. Il faut parfois chercher mais tout un réseau de jolis sentiers relie chacun des villages entre eux. On ne le dira jamais assez, le Népal, c’est le pays du trek par excellence. Au passage d’un col, des voix d’enfants retentissent à l’intérieur d’une bâtisse fissurée. Une beauté est assise à l’intérieur et dispense l’école à quelques gamins. Ces derniers ne pleurent jamais. Ou très rarement. Au Népal, on « fabrique » des enfants autonomes, capables de marcher plusieurs heures par jour dès leur plus jeune âge pour se rendre en classe. Un  matin, une rencontre me marque plus que  les autres : assise devant un tas de gravats, une femme pleure et semble traumatisée. Je ne comprends rien de ce qu’elle raconte mais elle n’a de cesse de répéter toujours la même chose en mimant la scène d’un toit qui s’effondre sur sa tête. Visiblement, elle demeure la seule survivante. C’est bouleversant. Face à tant de détresse, moi, le marcheur de chagrin, je n’ai vraiment pas le droit de me plaindre. (7) Le plat traditionnel du Népal, composé de riz blanc (bhat) et d’un bol de soupe aux lentilles (dal).

D’ailleurs, je ne me plains pas. En journée, je suis littéralement happé par les rencontres et par l’itinéraire à inventer. Pour me diriger, je n’ai qu’une mauvaise carte. Et beaucoup de flair. Conduire ainsi mes compagnons, ça ne laisse pas le temps à l’esprit de gamberger. La nuit, c’est autre chose. Je trouve le salut auprès d’Alain qui, compréhensif, me distille de minutieuses doses de somnifères. Un soir, pendant que mes camarades partent chercher de l’eau, un gars sorti de nulle part vient à ma rencontre. Il se demande ce que je fais là, au milieu des rizières. Pour meubler la conversation, je lui montre la tente et lui explique que je compte camper là : « It’s possible to sleep here » ? « No, tiger » ! Je rigole. Pas lui. Puis il m’explique qu’il rentre au village et que je devrais en faire de même. Du coup, cette nuit-là, Chantal ne dort que d’une oreille tandis qu’Alain et moi, complices, entretenons le mythe à chaque bruissement du vent dans les feuilles. La plaisanterie cesse le lendemain alors que nous dévalons au creux d’une profonde vallée encaissée pour franchir à gué la Jarke Khola. Nous voilà revenus à l’étage subtropical, dans la touffeur d’une jungle luxuriante. En posant les yeux au sol, je remarque que le sentier est littéralement recouvert d’empreintes de félin. Ce n’est pas d’un tigre à proprement parler qu’il s’agit mais plutôt d’un léopard, d’une panthère ou d’un lynx. Joli lot de consolation qui meuble nos conversations jusqu’à notre arrivée à Nagarkot. Situé au faîte d’une colline, le village est en partie anéanti. Pas rassurant de dormir dans un hôtel totalement désert, lugubre et de surcroît à moitié en ruine. Les petits cottages(8) Sherpa que nous dénichons le lendemain sont un peu plus coquets et le jardin, joliment aménagé en escalier, est certainement le lieu le plus convivial de Nagarkot pour patienter jusqu’à l’arrivée du taxi. Ce dernier n’arrive qu’en soirée : à l’intérieur, Azita et Asmina, sa jeune sœur. Elles ont tenu à venir nous chercher elles-mêmes pour nous ramener à Katmandou. (8) Chalets.

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IT’S POSSIBLE TO SLEEP HERE ?

 NO, TIGER !

Partir, revenir. Nous profitons du fait qu’Azita réside dans le quartier de Baktapur pour séjourner deux jours durant dans l’antique cité Newar(9). C’est une merveille d’architecture, unique au monde. Des ruelles étroites aux boiseries finement ouvragées s’articulent autour de grandes places centrales où s’élèvent d’incroyables temples à pagodes. Déjà, à son époque, la célèbre exploratrice Alexandra David-Néel s’enthousiasmait à propos de cette cité moyenâgeuse : « Il y a quelque chose d’irréel dans les édifices devant lesquels on se trouve. On a l’impression de figurer sur la scène d’un théâtre, au milieu des décors. On s’attend à entendre un coup de sifflet et à voir surgir des machinistes qui, soudainement, viendraient enlever ces palais et ces temples fantastiques. » L’essentiel est resté debout mais le séisme a grandement fragilisé ce joyau : partout, des étaies soutiennent les façades et d’inquiétantes lézardes courent sur les maisons dont certaines penchent dangereusement. C’est sous la plus haute pagode de Baktapur que nous prenons congé d’Azita et de Mam, venue faire soigner à l’hôpital une vilaine blessure au pied. Cette fois, Azita se laisse tomber dans mes bras. La tristesse n’est cependant pas de mise : nous savons que nous reviendrons bien vite au Népal et, surtout, nous avons invité Azita à venir découvrir la France. Un rêve pour cette jeune étudiante népalaise. Alors qu’elle s’éloigne, je songe à ce curieux sort que la vie est en train de me jouer. Je suis venu au Népal pour fuir un quotidien, certain d’y trouver telle ou telle chose et j’en reviens avec ce que je n’attendais pas : une petite sœur. (9) Les Newars habitent principalement la vallée de Katmandou, y représentant près de la moitié de la population. Les Newars ont une longue tradition artistique et sont connus pour être des bâtisseurs, des sculpteurs et d’excellents architectes.

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C’est au temple de Pashupatinath que j’entraîne mes camarades pour notre dernière soirée à Katmandou. J’aime ce lieu, malgré l’odeur de chair humaine brûlée qui rôde autour des ghâts. C’est là, sur les berges de la Bagmati que les familles aident les défunts à traverser le fleuve de la mort. Sur l’autre rive, une nouvelle vie commence. Pour nous, l’heure du retour en France a sonné. Ce matin, chacun s’accorde une dernière virée matinale et solitaire dans les rues parfumées de Thamel. Chaque jour, les népalais y brûlent de folles quantités d’encens. Après la visite des brocanteurs, mes emplettes se terminent chez un bijoutier tibétain. Muni d’une longue liste de prénoms, je choisis pour chacun d’eux qui un bracelet, une pierre gravée ou encore un porte-clef. Au dernier prénom de ma liste, je marque un temps d’arrêt puis je renonce. J’ai pourtant sous les yeux le plus beau Dzi que je n’ai jamais vu mais je laisse volontairement de côté cette superbe pierre tibétaine. En revenant vers l’hôtel, je fulmine et trouve mon attitude vraiment absurde. De rage, je reviens dans la boutique. Le vendeur ne semble pas surpris de me voir. D’ailleurs, la pierre est toujours posée sur le comptoir. Avec un sourire radieux, il me la tend, en échange de quelques roupies supplémentaires. Les dernières que je possède. De retour en France, j’ai offert à la famille, aux amis et aux collègues tous les petits présents rapportés du Népal. Tous, sauf un. Il reste posé sur une étagère de la maison.

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PORTFOLIO KATMANDOU

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Ghar Sapanaa, la maison des rêves – Le film

(Dans la molette « paramètres » située dans la barre inférieure du menu, cliquer sur 720p pour visionner le film en HD).

Les dernières archives de notre rubrique « A l’affiche » :

– VOYAGE A JYAMIRE

– SOLIDARITE NEPAL / LA MAISON DES REVES

– SÂDHUS, LES HOMMES SACRES DE L’INDE

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Il est encore possible de participer financièrement à la reconstruction de la Maison des Rêves.

Un repère : le salaire mensuel moyen du Népal est de 100 euros.
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3 rue Montségur
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(chèque à l’ordre de regard’isard)

Voyage à Jyamire

Katmandou, décembre 2015. Le terrible tremblement de terre du printemps dernier a endommagé la ville. Les stigmates sont partout visibles, telles des plaies ouvertes laissées sans soins. Des fissures, parfois béantes, lézardent les murs de nombreux immeubles tandis que dans les bas-quartiers, des tas de gravats s’amoncellent au milieu des abris précaires, bricolés à la hâte avec des tôles ondulées et des bâches plastiques. Du provisoire qui risque hélas de durer. La ville est comme groggy mais, opiniâtre et sans se départir de cette profonde bonté népalaise, elle s’agite envers et contre tout, se démenant du matin au soir malgré les ruines, malgré la désertion des touristes, malgré surtout l’insidieux blocus sur le gaz et les carburants exercé par l’Etat indien qui paralyse non seulement la ville mais le pays tout entier.

Ce voyage, c’est une idée de Chantal et Laurent, deux passionnés de longue date du Népal. Une idée qui germa dans leur tête lorsque leur parvinrent les images des dévastations et alors que resurgissait le souvenir du formidable accueil aussi spontané que chaleureux que leur réserva Azita dans sa « maison des rêves » de Jyamire lors de leur précédent voyage en 2012. « Dreams House » s’était effondrée provoquant la mort du vénéré grand-père. Bouleversés, ils décidèrent que la meilleure façon de témoigner leur solidarité, c’était de retourner à Jyamire avec, en poche, une coquette somme d’argent collecté auprès de généreux donateurs français. Point n’était nécessaire d’intermédiaires, point de frais annexes, de ponctions plus ou moins abusives pour ceci ou pour cela, trop de polémiques avaient déjà éclaté autour de la gestion des dons octroyés à tel organisme ou telle ONG. L’intégralité de la somme, au centime près, devait servir à la reconstruction de « la maison des rêves ». Azita est aujourd’hui étudiante à Katmandou. C’est une jeune femme souriante et dynamique qui nous attend dans le hall de notre hôtel de Thamel. Elle s’est démenée toute la matinée, pendue à son portable, pour nous dégoter un véhicule 4×4 capable de nous conduire à Jyamire. Avec le blocus indien, le carburant a atteint des sommets. Elle ne décolère pas contre le prix exorbitant de la course. Autre conséquence du blocus, les facultés sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Elle peut donc nous accompagner à Jyamire et cela bien sûr, pour notre plus grand plaisir.

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Azita Khadka

La route est défoncée, le 4×4 zigzague sans cesse pour tenter d’éviter les nids de poule. Ces coups de volant aussi brusques qu’inutiles ne contribuent finalement qu’à nous secouer comme des pruniers. Sur les bas-côtés de la chaussée, à l’approche des stations de carburant, des files interminables de véhicules s’allongent patiemment dans l’hypothétique espoir d’obtenir quelques litres du précieux liquide. De vieux bus pleins à craquer d’une foule bigarrée, le toit débordant d’hommes assez lestes pour se hisser là-haut et les flancs couverts de grappes de jeune gens prompts à s’agripper comme des chauves souris, se trainent à deux à l’heure dégageant de grands panaches de fumée noire comme du charbon. Avec ça, des flopées de motos, frêles machines pétaradantes et klaxonnantes, trois ou quatre personnes dessus plus des gamins assis à califourchon sur le réservoir, se faufilent avec une agilité déconcertante au milieu de cette cohue. On a du mal à imaginer ce que seraient les conditions de circulation si les véhicules en panne sèche le long des routes étaient de la partie. Finalement même à une allure d’escargot imposée par le flux chaotique de la circulation, on sort assez vite de l’agglomération de Katmandou. Ensuite, la campagne est magnifique. Partout les rizières sont entretenues avec minuties, proprement étagées. Les maisons s’éparpillent sur les collines non loin de majestueux banians au feuillage sombre qui tranche avec le vert lumineux des longues feuilles des bananiers. Les pentes abruptes se couvrent de forêts luxuriantes d’où émergent les cimes éclatantes des grands arbres.

« Tout ce qu’on a pu arracher

aux ruines est là. »

A Mélamchi, nous quittons la « grande » route pour nous élever sur une piste étroite qui serpente sur le flanc de la montagne. Jyamire se situe à l’aplomb de l’Indrawati Khola, 500 mètres au dessus. A notre arrivée, « Mam », la mère d’Azita et sa tante (celle que l’on surnommera sans tarder Miss Smile en raison de son sourire permanent) s’affairent autour de l’aire de battage assénant de grands coups de fléau sur le millet qui recouvre le sol. A leur façon un peu fébrile de se servir de l’instrument, à ces regards furtifs lancés dans notre direction, à cette indifférence feinte, on peut deviner la confusion, l’embarras, la tension nerveuse que ces dames ont pu accumuler au fur et à mesure que notre venue devenait imminente. Pensez donc ! Quel évènement ! Ces étrangers du bout du monde qui viennent dans ce coin perdu de Jyamire apporter leur aide à deux pauvres paysannes. Comment est-ce possible Grand Krishna ? En contrebas de l’aire de battage, un pauvre habitat de tôle a été construit sur un petit recoin de terre, trois pièces accolées où s’entassent des lits, des meubles sommaires, mais aussi des malles, de grands sacs, des piles de linge… Tout ce que l’on a pu arracher aux ruines de Dreams House est là. Des affiches déchirées des hautes montagnes népalaises, des portraits de famille aux cadres abimés, aux verres brisés, les bribes d’une histoire familiale sont ainsi accrochées pêle-mêle aux murs côtoyant les objets les plus divers.

Nous posons nos bagages dans la première pièce déjà très encombrée où deux lits ont été débarrassés de tout un attirail. A l’arrière de notre dortoir, une baraque indépendante sert de cuisine. On a, là aussi, entassé tous les ustensiles que l’on a pu récupérer. Ainsi, un coin de la pièce est occupé par la gazinière de l’ancienne maison que malheureusement la pénurie de gaz rend inutilisable. La cuisine est donc préparée sur un four traditionnel en argile, construit à même la terre battue. En l’absence de conduit d’évacuation, la fumée se répand dans la pièce et s’échappe par où elle peut, le plus souvent après y avoir stagné un long moment. Mam nous sert un copieux dal bhat avec des blettes. Nous dévorons notre plat assis en cercle au milieu de la pièce. Ces dames profitent de cette intimité et de notre ignorance du népali pour accabler Azita de questions. Manifestement, elles demeurent toujours aussi interloquées par la venue de ces trois « Providences ». La chose qui préoccupe le plus Mam, d’après les dires d’Azita, est de savoir ce qu’elles peuvent bien nous offrir en échange de notre aide parce qu’elles sont entièrement démunies et qu’elles n’ont hélas absolument rien à nous offrir. Miss Smile, une louche à la main, veille sur nos assiettes. De temps à autre une tête apparait dans l’échancrure de la porte, visages d’enfant ou d’adulte que la curiosité pousse à tant d’hardiesse.

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Nous avons atteint l’objectif primordial que nous nous étions fixé : venir jusqu’à Jyamire, venir témoigner notre solidarité après les grands ravages du printemps dernier et plus prosaïquement venir apporter notre contribution financière pour la reconstruction de « la maison des rêves ». Notre intention initiale était d’acheter à Katmandou le maximum de matériaux de construction et de les faire acheminer jusqu’ici. Le prix exorbitant des carburants ne nous permet plus de procéder de la sorte. Les fonds seront finalement déposés sur un compte bancaire dont Azita sera titulaire. La jeune femme, qui ne s’en laisse pas conter, saura gérer cet argent pour le mieux, nous en sommes convaincus. Au demeurant, chacun pourra suivre l’avancement des travaux sur les photos qu’elle nous fera parvenir et qui seront régulièrement mises en ligne sur le site web de regard’isard. Pour l’heure, les décombres de « Dreams House » ont été déblayés, les matériaux récupérables, pierres, dalles, bois d’œuvre, mis de côté. De la maison, il ne reste plus rien, à l’emplacement, n’apparait qu’un sol à nu colonisé par les mauvaises herbes.

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Jyamire et tous les villages alentour ont considérablement souffert, où que l’on regarde, le spectacle est à la désolation. Les maisons et les édifices sont à terre. Certains, parmi les plus chanceux, ont pu réaménager le rez-de-chaussée de leur demeure après avoir arasé l’étage et posé une couverture de tôle. Les autres vivent sous des tentes ou dans des baraquements de bric et de broc construits avec ce qu’ils avaient sous la main. Dans la région, on peut estimer que quatre-vingt-quinze pour cent des habitations ont subi des dégâts importants. De nombreuses personnes ont succombé sous les décombres. Parfois au détour d’un chemin, devant l’un de ces habitats de fortune, une femme, interrompant son labeur, nous offre avec insistance et infinie bonté qui un fruit de son verger ou un légume de son jardin. La conversation est des plus superficielles et se limite aux quelques mots népali que nous connaissons pour désigner ceci ou cela. Notre échange passe plus aisément par des sourires, des gestes, des mimiques, en dénombrant avec les doigts… Ainsi, après nous avoir commenté son quotidien, la mine réjouie devant l’exubérance de son potager, son regard se pose immanquablement sur un tas de gravats ou un pan de mur encore debout, la voix se fait sanglotante, une larme vite essuyée coule sur son visage, elle nous conte un drame, son drame, des paroles dont on ne comprend pas le sens mais dont on ressent l’extrême tristesse.

Alain Pozo, janvier 2016

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SOLIDARITE NEPAL / SOLIDARITY NEPAL

Un repère : le salaire mensuel moyen du Népal est de 100 euros.
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LA MAISON DES REVES/ THE HOUSE OF DREAMS

Novembre 2012 : avec quelques uns de mes meilleurs amis, j’entreprends mon septième voyage au Népal (le quinzième en Himalaya en comptant la Chine, le Tibet et l’Asie centrale). Un séjour qui s’annonce différent de tous les autres. Cette fois, il n’est ni question d’alpinisme, ni de haute altitude. Juste d’une immersion dans le vrai Népal, celui des collines verdoyantes et rieuses, là où vit la grande majorité des népalais, toutes ethnies et castes confondues. Après tant de combats au pays de l’oxygène rare, à suffoquer au-dessus de 6000 mètres pour connaître la joie éphémère d’un instant passé au sommet de l’une des plus hautes montagnes du monde, j’avais envie d’un Népal authentique, profondément humain, loin des sentiers touristiques où le trekkeur est accueilli dans des lodges occidentalisés où tout est fait pour qu’il se sente comme chez lui.

November, 2012: with some of my best friends, I began my seventh journey in Nepal (the fifteenth in Himalaya if counting China, Tibet and Central Asia). That stay sounded different from all the others. That time, it was neither question of mountain climbing, nor of high heights. Just a way to get immersed in real Nepal, that of green and cheerful hills, where the great majority of the Nepalese live, any ethnic groups and castes merged. After so many fights in the country of the rare oxygen, suffocating when over 6000 meters high to know the short-lived enjoyment of a moment spent at the top of one of the highest mountains in the world, I wanted authentic Nepal, profoundly human, far from tourist paths where trekkers are accommodated in westernized lodges where everything is made for them to feel at home.

En 2009 déjà, en revenant d’une expédition dans la région du Langtang et de Gosainkud, la traversée de l’Helambu m’avait plu. Et ce qui m’avait le plus marqué, c’est qu’ici, les gens ne disent pas « Hello » mais « Namaste », en joignant leurs mains et en adressant de beaux sourires. Ce fut une évidence : c’est là qu’il fallait venir longuement rencontrer les népalais, découvrir de l’intérieur le quotidien et le mode de vie traditionnel de ce peuple unique, magnifique et attachant.

In 2009 already, when coming back from an expedition in the region of Langtang and Gosainkud, the crossing of Helambu had pleased me. And what had marked me most, was that there, people do not say « Hello » but « Namaste », joining their hands and smiling beautifully. It was obvious that it was there that I had to come again to meet the Nepalese for much longer, so as to discover from the inside their everyday life and the traditional lifestyle of this unique, magnificent and charming people.

C’est ainsi qu’un jour de novembre 2012, avec pour seuls bagages le contenu de nos sacs à dos, nous quittons Nagarkot pour trois semaines d’un trek un peu « spécial » : nous ne savons pas vraiment où nous allons, ni où chaque soir nous dormirons, mais qu’importe ! C’est l’aventure et, pour une fois, les rôles sont inversés : nous serons les nomades et nous nous laisserons guider par le hasard des rencontres. Le troisième jour, au terme d’une éprouvante étape, nous arrivons au village de Jyamire. Sur la porte d’une maison, un message attise notre curiosité : « Bienvenue dans la maison des rêves ». Nous sommes rentrés et nous avons rencontré une jeune fille se prénommant Azita. Sans nous connaître, elle et sa famille nous offrirent l’hospitalité et nous pûmes dormir chez eux. Ce fut l’un des temps forts de notre séjour et aujourd’hui encore, je me souviens de ce précieux moment d’humanité et de partage.

This is how, one day in November, 2012, with for only luggage the contents of our backpacks, we left Nagarkot for three weeks of a « quite special » trek: we did not really know where we were going, and where we would sleep every evening, but it did not matter! It was adventure and, for once, roles were reversed: we would be nomads and we would let us be guided by chance meetings. On the third day, at the end of a trying stage, we arrived at the village of Jyamire. On the door of a house, a message kindled our curiosity: «welcome into the house of dreams « . We went in and we met a girl called Azita. Without knowing us, her and her family offered us hospitality and we were able to sleep in their home. It was one of the highlights of our stay and today, I still remember this invaluable moment of humanity and sharing.

– Voir la vidéo de notre rencontre avec Azita. See video of our meeting with Azita.

25 Avril 2015 : je me trouve à l’aéroport de Cagliari, en Sardaigne, où s’achève un séjour d’escalade. Soudain, mon attention est attirée par les images diffusées par Euronews, images sur lesquelles je reconnais immédiatement le Népal où vient de se produire un puissant séisme d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter. Pour nous qui aimons tant ce pays, c’est un choc. Et aussi un sentiment d’impuissance face au désastre. Dans les jours qui suivent, les nouvelles commencent à parvenir : l’épicentre de ce tremblement de terre, situé à 77 km au nord-ouest de Katmandou, a fait des milliers de victimes et occasionné de nombreux dégâts. Ressentie en Inde jusqu’à New Delhi, la secousse a même provoqué de nombreuses avalanches, notamment au camp de base de l’Everest (où la mort de plusieurs alpinistes est à déplorer) mais aussi et surtout dans le district de Rasuwa, où une énorme coulée de rocs et de glace a complètement enseveli le petit village de Langtang, causant le décès de 300 personnes, y compris des trekkeurs occidentaux1.

On April 25th, 2015: I was at the airport of Cagliari, in Sardinia, at the end of a climbing trip. Suddenly, my attention was attracted by the pictures broadcast by Euronews, pictures on which I recognize immediately Nepal where had just happened a powerful earthquake of a magnitude of 7, 8 on the Richter scale. For us who like so much this country, it was a shock as well as a feeling of powerlessness in front of that disaster. During the days which followed, news began to come out: the epicentre of this earthquake, situated 77 km northwest of Kathmandu, had made thousands of victims and caused a lot of damage.

Felt in India as far as New Delhi, the shock even caused numerous avalanches, in particular at the base camp of Everest (where the death of several climbers is to be regretted) but also and especially in the district of Rasuwa, where an enormous flow of rocks and ice completely buried the small village of Langtang, causing the death of 300 people, including western trekkers1.

1Lire l’article de François CARREL / read the article by François Carrel

12 mai 2015 : alors que les répliques sont déjà quotidiennes, un nouveau séisme d’une magnitude de 7,4 ravage cette fois les régions situées au nord-est de la capitale népalaise. Est particulièrement touché le district de Sindhupalchok : je suis inquiet car c’est là qu’habitent Azita et sa famille. Ayant conservé l’adresse mail d’Azita (aujourd’hui étudiante à Katmandou), je contacte cette dernière et j’apprends avec tristesse le décès de ses grands parents, suite à l’effondrement de sa maison.

On May 12th, 2015: while aftershocks still happen daily, a new earthquake of a magnitude of 7,4 ravages regions situated in the northeast of the Nepalese capital this time. The district of Sindhupalchok is particularly affected: I am worried because it is where Azita and her family live. I had kept Azita’s e-mail address (today she is a student in Kathmandu), I contacted her and I learned with sadness the death of her grandparents, following the collapse of their house.

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Si au moment des faits, les médias français ont largement relayé cette catastrophe, aujourd’hui, plus personne, ou presque, ne parle du Népal. Sur place, la situation demeure pourtant dramatique pour de nombreuses familles, contraintes de vivre sous des tentes alors que vient de débuter la mousson. Partout, dans de nombreux villages, les maisons sont détruites. Quant à celles encore debout, elles sont souvent inhabitables. Le dernier bilan fait état de plus de 8 000 morts et de 23 000 blessés.

If at that time the French media widely handed over information about this disaster, today, almost nobody speaks about Nepal. Nevertheless, on the spot, the situation remains dramatic for numerous families, forced to live under tents, while monsoon has just begun. Everywhere, in numerous villages, houses are destroyed. As for those which are still standing, they are often uninhabitable. The last report indicates more than 8 000 deaths and 23 000 wounded persons.



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Aujourd’hui, de nombreuses associations humanitaires œuvrent au Népal. L’afflux de l’aide humanitaire engendre toutefois la corruption et il appartient à chacun, désireux d’aider les Népalais et effectuant un don, de bien se renseigner sur les actions entreprises. Evitez au maximum les intermédiaires : les petites structures, ou les amis sur place, sont souvent les plus efficaces. L’autre solution pour agir, c’est celle que clame haut et fort mon Ami Maurice Duchêne : « Vous qui aimez le Népal, VENEZ, et VENEZ dès cet automne. C’est le seul vrai moyen d’aider les népalais et surtout de leur montrer votre attachement. »

Pour sa part, l’équipe de REGARD’ISARD a décidé de venir en aide à cette famille qui, un jour de novembre 2012, sans même nous connaître, nous a offert son hospitalité. En contact permanent avec Azita sur qui repose désormais toute la responsabilité familiale, nous proposons de réunir vos dons que nous irons lui remettre en main propre au mois de novembre prochain. Je fais un vœu : celui que la maison des rêves de Jyamire soit un jour reconstruite et que retentissent à l’intérieur des cris de joie d’enfants.

Laurent Lafforgue
Juin 2015

Today, numerous humanitarian associations work in Nepal. However the flood of humanitarian aid generates corruption so it is up to each one, eager to help Nepalese and make a donation, to inquire thoroughly about the actions already undertaken. Avoid as much as possible intermediaries: small structures, or friends on-the-spot are often the most efficient. The other solution to act, is the one shouted out loud by my Friend Maurice Duchêne: « You, who like Nepal, COME, and COME as soon as this autumn. It is the only real way to help the Nepalese and especially to show them your affection. »

As for us, the Regard’isard team, we have decided to help that family who, one day of November 2012, without even knowing us, offered their hospitality to us. We are in permanent contact with Azita who is in charge of all her family from now on, we suggest gathering your donations which we will go and bring to her personally next November. I have a wish: I wish that the house of dreams of Jyamire might be rebuilt one day and that children’s joyful shouts might burst out in it.

Laurent Lafforgue
June, 2015

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Sadhus

par Samuel Granier

Sâdhus, les hommes sacrés de l’Inde

Les Sâdhus (homme de bien ou saint homme en sanskrit) sont des hindouistes qui renoncent à la société pour se consacrer au divin et à la conscience cosmique. En tant que renonçant, ils coupent ainsi tout lien avec leur famille, ne possède rien ou peu de chose, s’habillent d’un longhi, une tunique de couleur et s’enduisent parfois le corps de cendre. Ils n’ont pas de toit et passent leur vie à se déplacer sur les routes de l’Inde et du Népal, subsistants de dons et de dévots. Dans leur recherche d’absolu, ces ascètes aux cheveux longs se doivent d’effectuer au moins une fois dans leur existence un pèlerinage au pied du Shivling, une fascinante montagne de 6 543 m située dans l’Himalaya du Garhwal symbolisant à leurs yeux le lingam, le phallus de Shiva. Là, aux sources du Gange, ces maître yogis s’adonnent à des rituels magiques et pratiquent méditation, prières et contemplation.

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